Antinutriments, oléagineux et cétogène : ce que vous devez vraiment savoir !

On vante souvent les bienfaits des amandes, noix et autres oléagineux dans le cadre d'un régime cétogène : riches en bons gras, faibles en glucides, et faciles à intégrer dans des recettes. Mais ce que l'on oublie souvent, ce sont les effets secondaires silencieux liés à leur richesse en antinutriments. Oxalates, phytates, lectines, tanins… autant de composés naturels qui, mal gérés, peuvent perturber la digestion, l'absorption des minéraux, et même favoriser l'apparition de calculs rénaux. Dans cet article, je vous partage les erreurs fréquentes à éviter, ainsi que des stratégies concrètes pour adapter votre alimentation cétogène sans nuire à votre santé.

En tant que naturopathe, j'ai toujours porté une attention particulière aux antinutriments. Le rinçage, le trempage, l'épluchage des légumes racines, voire même d'autres légumes, ont fait partie des gestes simples et courants encore pratiqués il y a quelques années. Pourtant, ces gestes tendent à se perdre, alors qu'ils représentent une manière facile et efficace de réduire une certaine quantité d'antinutriments.

Avec l'adoption de l'alimentation cétogène, j'ai poursuivi mes recherches sur les données scientifiques disponibles. Mais il est rare de trouver des informations non biaisées : la majorité des études sont réalisées sur des modèles alimentaires modernes, très riches en glucides, ce qui fausse souvent leur interprétation dans le cadre d'une alimentation faible en glucides ou cétogénique.

Parmi les éléments rarement mis en lumière dans le régime cétogène, il y a l'introduction massive d'oléagineux. Sous prétexte que leur profil macronutritionnel serait favorable à la cétose, je dirais plutôt qu'il n'est pas incompatible avec la cétose, beaucoup de professionnels ou d'auteurs de livres spécialisés sur le cétogène « hypotoxique » ou « anti-inflammatoire » recommandent leur consommation quotidienne. On lit ainsi régulièrement qu'il peut manger des amandes chaque jour voir plusieurs fois par jour, ou que les farines d'oléagineux c'est le top pour remplacer les farines classiques ainsi manger un peu « comme avant » en remplaçant un problème par un autre. Et c'est précisément là que mon point de vue diffère.

Je n'ai jamais supprimé les oléagineux, car il est vrai que certaines farines permettent d'obtenir des recettes savoureuses, et de créer des alternatives intéressantes pour des desserts ou des encas céto-compatibles. Mais de là à consommer quotidiennement des amandes, des noix et d'autres fruits à coque à chaque collation… c'est un  non catégorique que je transmets à mes clients.

En effet, les oléagineux sont très prisés dans l'alimentation cétogène pour leur richesse en lipides, en fibres, et leur faible teneur en glucides. D'un point de vue macronutritionnel, ils sont intéressants, certes. Mais d'un point de vue micronutritionnel, c'est une autre histoire. 

Point de vue Micronutritionnel

On parle souvent des oméga-3 pour vanter les mérites des oléagineux , mais lorsqu'on regarde de plus près, le ratio oméga-3/oméga-6 dans la majorité des cas, est loin d'être optimal, et encore faut-il considérer que les oméga-3 d'origine végétale soient réellement bénéfiques… ce qui, en ce qui me concerne, est loin d'être le cas.

La conversion de l'ALA végétal en EPA ou DHA est très faible (environ 0,5 %, si tant est que l'on possède les enzymes nécessaires à cette conversion). C'est pour moi un point fondamental : si je cherche à obtenir des oméga-3, ce n'est pas dans les végétaux que je vais les chercher, encore moins dans les oléagineux.

Mais un autre aspect, le sujet principal de cet article, est que ces aliments contiennent également des « antinutriments », c'est-à-dire des composés naturellement présents pouvant interférer avec l'absorption de certains nutriments ou provoquer des effets indésirables. Parmi les principaux antinutriments des oléagineux figurent les oxalates, l'acide phytique (phytates), les lectines, les tanins et les saponines.

Les antinutriments

- Les oxalates sont des sels d'acide oxalique, fréquemment présents dans le règne végétal (épinards, rhubarbe, etc.) et compris dans les fruits à coque. Ils ont la propriété de se lier à des minéraux comme le calcium pour former des cristaux insolubles (oxalate de calcium). Les oléagineux ont des teneurs variables en oxalates : par exemple, les amandes contiennent environ 469 mg d'oxalates pour 100 g (l'une des plus fortes concentrations), contre ~222 mg/100 g pour les noisettes, 74 mg/100 g pour les noix et seulement ~42 mg/100 g pour les noix de macadamia. À titre de comparaison, ces niveaux restent inférieurs à ceux de certains légumes feuillus riches en oxalates (comme les épinards crus ~970 mg/100 g). Une consommation élevée d'oxalates peut présenter des risques, notamment la formation de cristaux d'oxalates de calcium dans les reins ou d'autres tissus, les fameux calculs si douloureux...qu'on ne les souhaite même pas à notre pire ennemi (et on devrait être d'autant plus vigilant quand on pratique le cétogene, je vous explique plus loin.) ( Source )

- L'acide phytique est la forme de stockage du phosphore dans les graines et noix. Il constitue un antinutriment car il peut chélater, c'est-à-dire séquestrer des minéraux essentiels, rendant leur absorption intestinale plus difficile. Les oléagineux figurent parmi les sources les plus riches en phytates de notre alimentation. La teneur en acide phytique des fruits à coque est variable mais peut atteindre des niveaux significatifs : ainsi, la proportion d'acide phytique dans les amandes peut aller de 0,4% jusqu'à 9,4% soit plus d'un gramme de phytates pour une poignée d'amandes (~30 g). Les noix de Grenoble peuvent contenir de 0,2% à 6,7% de phytates, les noix du Brésil ~6,3% tandis que les noisettes et cacahuètes en contiennent généralement un peu moins. En pratique, 100 g d'amandes apporteraient autour de 1200–1400 mg de phytates selon certaines analyses. Ces phytates se trouvent majoritairement dans l'enveloppe brune (la peau) des noix et amandes. S'ils ont des effets bénéfiques antioxydants, les phytates diminuent l'absorption du calcium, du zinc, du fer, du magnésium et d'autres minéraux en formant avec eux des complexes insolubles non absorbables. ( Source )

- Les lectines sont des protéines végétales capables de se lier spécifiquement à certains sucres. Très répandues dans le règne végétal, on trouve dans presque toutes les familles de plantes – en particulier dans les légumineuses, les céréales et les graines et à des doses très variables. Leur rôle naturel est l'auto-défense contre les prédateurs. Consommées en grande quantité à l'état actif, les lectines peuvent irriter la muqueuse digestive et perturber l'assimilation des nutriments. Dans les oléagineux, les lectines sont surtout concentrées dans la peau des fruits à coque. Par exemple, les amandes, les noix de cajou, les noisettes, les pignons, les graines de tournesol ou de sésame sont souvent cités comme riches en lectines, tandis que les noix comme la macadamia, la noix de pécan, la noix de coco, la pistache ou la noix de Grenoble en sont relativement plus pauvres, c'est en tout cas ce qu'explique le  Dr Lange . Les lectines d'amandes ou de noisettes sont moins étudiées que celles de légumineuses (comme la phytohémagglutinine du haricot rouge ou l'agglutinine de l'arachide), mais elles peuvent également intéragir avec la paroi intestinale. À haute dose, les lectines actives sont toxiques et/ou inflammatoires : des cas d'intoxication alimentaire ont été rapportés après ingestion de légumineuses mal cuites riches en lectines. Bien que la cuisson et d'autres traitements puissent les désactiver (voir plus loin), les lectines alimentaires sont au cœur de débats en raison de leur implication possible dans certaines maladies inflammatoires ou auto-immunes. ( Source ).

- Les tanins (acide tannique et autres polyphénols astringents) sont présents dans de nombreux végétaux, notamment dans la peau brune de certains fruits à coque. Ce sont des composés polyphénoliques qui confèrent souvent une saveur astringente ou amère (par exemple, l'amertume de la peau d'amande ou de noix). Les tanins sont des antioxydants, mais « le revers de la médaille » est qu'ils peuvent inhiber les enzymes digestives et réduire l'absorption de certains nutriments. En se liant aux protéines et aux minéraux, ils peuvent diminuer la digestibilité des protéines et la biodisponibilité du fer non héminique. Les oléagineux apportent des tanins de type proanthocyanidines en quantités notables : on estime, par exemple, que 100 g de noisettes peuvent contenir de 125 à 645 mg de tanins, les amandes 62 à 257 mg, et les noix 35 à 87 mg. La majeure partie de ces tanins se trouve dans la pellicule brune qui enveloppe la graine ; ainsi, des amandes émondées auront une teneur en tanins bien plus faible que des amandes complètes. Mais si la peau des amandes concentre efficacement une grande partie des antinutriments , ces composés ne sont pas exclusifs à la peau : on en retrouve aussi dans l'amande elle-même , c'est-à-dire dans la graine une fois mondée.

Des études ont par exemple montré que l'acide phytique est présent dans toute la graine , bien qu'en plus forte densité dans la pellicule. Le trempage, la germination ou la torréfaction sont justement recommandés même pour les amandes émondées , car ces procédés diminuent les antinutriments présents dans la chaise même de l'amande en activant certaines enzymes comme les phytases, qui dégradent l'acide phytique. De plus, la torréfaction douce peut inactiver une partie des lectines thermosensibles et améliorer la digestibilité globale, y compris sur une amande sans peau. Cela confirme que la préparation de l'oléagineux joue un rôle clé, que l'on consomme l'amande avec ou sans peau.

Du coup, acheter des amandes blanchies deviendrait une idée pertinente sauf que, la peau des amandes n'est pas uniquement une source d'anti-nutriments. Elle joue également un rôle protecteur naturel, notamment contre l'oxydation. Les acides gras insaturés présents en grande quantité dans les oléagineux sont particulièrement sensibles à l'oxydation, notamment en présence de chaleur, de lumière ou d'oxygène. En effet, elle agit comme une barrière antioxydante physique et chimique, car les polyphénols protègent la graine. Par conséquent, les amandes blanchies sont si instables que le rancissement est accéléré dès qu'on leur enlève la peau, qu'elles sont exposées à l'air, à la chaleur ou à la lumière, et c'est encore plus problématique si vous les utilisez sous forme de poudre d'amande blanche, car la surface d'exposition à l'oxygène naturel est démultipliée, et la protection est absente.

En résumé, oui, consommer des amandes trempées, mondées et/ou torrefiées peut réduire l'exposition aux antinutriments (tanins, phytates), mais cela expose aussi les acides gras à une oxydation plus rapide, surtout si les amandes sont mal conservées ou moulues (ce qui est toujours le cas : vrac, sachet plastique, néons des magasins et même avant dans des silos sous forte chaleur... ) C'est pour ces raisons que je conseille toujours à mes clients d'avoir une consommation raisonnée et raisonnable de ces aliments, et d'alterner avec des oléagineux naturellement plus stables, comme la macadamia ou la noix de coco, car riches en acides gras saturés, plus résistants à l'oxydation.

- Les saponines sont des glycosides naturellement produits par de nombreuses plantes et connues pour leur capacité à mousser dans l'eau (effet « savon »). Elles peuvent former des complexes avec le cholestérol et les membranes cellulaires, ce qui explique qu'à forte dose, elles irritent parfois la paroi intestinale (donnant des troubles digestifs). Cependant, les saponines ont également été étudiées pour d'éventuels effets bénéfiques (hypocholestérolémiants, immunomodulateurs, etc.). Les légumineuses (soja, pois chiches, lentilles…), certaines céréales et pseudocéréales (quinoa), ainsi que quelques légumes (épinards) sont particulièrement riches en saponines. En revanche, les fruits à coques ne sont pas considérés comme une source significative de saponines. On en retrouve des traces dans l'enveloppe de certains oléagineux et graines (par ex. la peau des cacahuètes qui sont botaniquement des légumineuses mais que je déconseillerais tout de même en cétogène strict car plus glucidique quand même), mais en quantités beaucoup plus faibles que dans les légumes secs. Ainsi, les saponines sont probablement l'antinutriment le moins préoccupant parmi ceux listés pour ce qui est des oléagineux. Mais je tenais tout de même a en parler brièvement car elles font parties des antinutriments même si en cétogène strict, elles sont donc limitées (sauf dans le cétogène végétarien mais j'estime que ce n'est pas la meilleure façon de pratiquer le cétogène)

Impact physiologique de ces antinutriments en cétogène

Quand on mange des aliments riches en oxalates (comme les épinards, les betteraves, le chocolat ou les amandes), ces composés peuvent se lier au calcium et ancien de petits cristaux appelés oxalate de calcium . S'ils s'accumulent dans les reins ou les voies urinaires, cela peut entraîner la formation de calculs rénaux . En fait, environ 70 à 80 % des calculs rénaux sont faits d'oxalate de calcium. Le risque augmente si l'on mange beaucoup d'oxalates sans consommer assez de calcium , car sans calcium dans les intestins, les oxalates sont mieux absorbés et vont plus facilement vers les reins, où ils peuvent cristalliser. À l'inverse, avoir un bon apport en calcium  aide à piéger les oxalates dans l'intestin . Ils sont alors éliminés dans les selles, au lieu de passer dans le sang et de s'accumuler dans les reins.

Les cristaux d'oxalates ne se forment pas uniquement dans les reins. Dans de rares cas , ils peuvent aussi se déposer dans d'autres parties du corps, comme les articulations ou les tissus conjonctifs (ligaments, tendons, etc.) et provoquer des douleurs locales , une inflammation , ou même une forme particulière d'arthrite appelée «  oxalose » , notamment chez les personnes atteintes de maladies rénales ou métaboliques graves.

Chez une personne en bonne santé, c'est très exceptionnel , mais cela peut expliquer pourquoi certaines personnes ressentent des douleurs articulaires ressemblant à la goutte ou à une arthrite , sans que ce soit lié à un traumatisme. À noter aussi que tous les calculs rénaux ne sont pas faits d'oxalate : certains sont composés d'acide urique ou d'autres types de sels. Avoir beaucoup d'oxalates dans les urines ( hyperoxalurie ) est un facteur de risque parmi d'autres dans la formation de calculs.

Avec une alimentation cétogène, il est encore plus important de faire attention à sa consommation d'antinutriments, notamment les oxalates, parce qu'une des caractéristiques clés de cette alimentation et souvent la raison pour laquelle on la choisit, c'est l'élévation des corps cétoniques dans le sang , en particulier le bétahydroxybutyrate (BHB) , cette cétone est extrêmement bénéfique. Pendant la phase d'adaptation , le corps commence à en produire mais il ne sait pas encore très bien les utiliser . Il en fabrique plus qu'il n'en consomme, et donc il en rejette une partie dans les urines, surtout au début ou la production peut être assez anarchique (les personnes qui ont connu ça au début de l'expérience se reconnaitront peut-être ? Passer des cétones à 4 mmol/L puis le lendemain 0,2 mmol/L sans trop savoir pourquoi et bien, c'est normal c'est simplement signe que votre corps n'est pas encore adapté …) . Les reins, chargés d'éliminer ces cétones en excès, utilisent pour cela des transporteurs spécialisés appelés transporteurs d'anions organiques sauf que ces mêmes transporteurs servent aussi à éliminer d'autres déchets , comme l' acide urique … et aussi les oxalates .

Le résultat c'est que les cétones, l'acide urique et les oxalates entrent en compétition au niveau des reins. Cela peut donc réduire l'excrétion de l'acide urique ce qui fait monter son taux dans le sang ( hyperuricémie ) et r alentir l'élimination des oxalates ce qui peut favoriser leur accumulation et donc augmenter le risque de formation de cristaux : calculs rénaux, inflammation urinaire, voire crise de goutte chez les personnes sensibles. 

En bref, lorsqu'on commence un régime cétogène strict , le taux d'acide urique dans le sang peut augmenter de 25 à 50 % pendant les premières semaines. Cette augmentation est temporaire et revient généralement à la normale au bout d'environ 8 semaines , une fois que les reins se sont adaptés à ce nouveau fonctionnement et que les cétones sont mieux utilisées par le foie. Cette augmentation ne vient pas d'une surproduction , mais du fait que les reins sont occupés à se débarrasser des corps cétoniques. Cela signifie que vous devez être particulièrement vigilant pendant les 2 à 3 premiers mois du changement alimentaire surtout si l'on est sensible ou prédisposée aux calculs rénaux ou à la goutte ou si votre acide urique est déjà haute de base ! 

Quelles stratégies mettre en place ? 

Bonne nouvelle : il existe des gestes simples pour limiter ce risque , comme une bonne hydratation et des stratégies pour alcaliniser les urines . Plusieurs techniques de préparation des oléagineux peuvent aider à diminuer leur teneur en antinutriments.

Trempage : Faire tremper les amandes, noisettes, noix de cajou ou graines dans de l'eau (de quelques heures à une nuit entière) est une pratique traditionnelle qui amorce le processus de germination et actif des enzymes (phytases) naturellement présentes dans la graine, qui vont commencer à dégrader l'acide phytique. Il aide également à dissoudre une partie des tanins et des composés solubles dans l'eau (on observe souvent que l'eau de trempage des noix se colore en brun clair à cause des tanins). Certaines lectines peuvent aussi se détacher dans l'eau de trempage. Il est conseillé d'ajouter une pincée de sel, du jus de citron ou du vinaigre dans l'eau de trempage : cela accélérerait l'activation enzymatique et la neutralisation des antinutriments d'après le Dr Lange. Après trempage, il faut bien sur jeter l'eau et bien rincer les oléagineux. Néanmoins, un simple trempage n'aurait qu'un effet limité sur les phytates.

Activation et séchage : Le terme d'«oléagineux activés» désigne les noix qui ont été trempées puis déshydratées à basse température pour retrouver une texture croustillante. La déshydratation lente (au déshydrateur ou au four à ~50°C) permet de préserver les enzymes et de poursuivre l'action des phytases, qui continuent de réduire la teneur en phytate pendant le séchage. Quoi qu'il en soit, de nombreuses personnes rapportent une meilleure tolérance digestive des noix qui ont été préalablement trempées/activées par rapport à des noix crues non préparées possiblement grâce à la réduction des composés irritants et à l'initiation de la prédigestion enzymatique. (mais qu'en est-il du niveau de rancissement, je n'ai pas de données mais, j'ai un gros doute…)

Germination : Laisser germer partiellement les oléagineux (par exemple les amandes) sur un jour ou deux, jusqu'à l'apparition d'un germe, est une extension du trempage. Durant la germination, la graine utilise ses réserves pour croître : l'acide phytique est alors rapidement hydrolysé pour libérer le phosphore et les minéraux nécessaires à la jeune pousse. Ainsi, la germination peut drastiquement faire chuter la teneur en phytates et en lectines. Les noix de macadamia, pécan et noisettes germent mal car ce ne sont pas de véritables graines en dormance.

Cuisson douce / torréfaction légère : La chaleur est une alliée pour neutraliser certaines substances. En particulier, la plupart des lectines alimentaires sont dénaturées par la chaleur. Les lectines résiduelles de noix peuvent être en grande partie détruites par une cuisson au four modérée. Une légère torréfaction des amandes ou des noisettes (quelques minutes au four à 150°C) suffit à inactiver la plupart des enzymes et protéines anti-nutriments actifs. Attention toutefois à ne pas trop griller ou brûler les oléagineux, car à haute température cela crée d'autres composés indésirables (acrylamides, huiles oxydées, mais ne le sont elles pas déjà avant d'arriver dans notre four ? ).

Bref, rien d'idéal et en pratique, tout le monde n'a pas le temps de tremper et déshydrater ses noix tout en étant sur qu'elles soient fraîches et non oxydées (à moins que vous ayez un amandier dans votre jardin, c'est assez improbable) l'approche la plus pragmatique consisterait donc à limiter la quantité et la récurrence.

La supplémentation

Parmi les stratégies pour contrecarrer les effets indésirables des oxalates et de l'acidité en régime cétogène, il y a l'utilisation de citrates alcalins, notamment le citrate de potassium et dans une moindre mesure le citrate de magnésium. Ces sels ont plusieurs bénéfices : ils se dissocient en citrate dans l'organisme, lequel alcalinise les urines (remontant le pH) et peut se lier au calcium pour former du citrate de calcium soluble, comparable ainsi à la formation de cristaux d'oxalate de calcium.

En clair, le citrate réduit la disponibilité du calcium libre pour se combiner avec l'oxalate, tout en augmentant la capacité tampon de l'urine. Son efficacité dans la prévention des calculs rénaux chez les patients sous régime cétogène a été bien documentée. Par exemple, une étude pédiatrique sur des enfants épileptiques traités par régime cétogène a montré que la supplémentation systématique en Polycitra K (citrate de potassium) a fait chuter l'incidence des calculs rénaux de 10,5% à seulement 0,9%. Pour mes clients, qui ont une acide urique élevée ou qui sont sujet aux calculs, je leur conseille toujours une complémentation de la formule Alcalinisante pur du Dr Jacobs (code THEEM20 si besoin chez Naturamedicatrix) qui contient également du citrate de magnésium, l'autre allié contre les calculs d'oxalates. Si vous êtes sous traitement médical, que vous avez des problèmes rénaux ou une hyperkaliémie demandez conseil à votre médecin ( Source , source )

Si vous n'êtes un sujet à risques, vous pouvez apporter des citrates via l'alimentation : le jus de citron est riche en citrate naturel et a démontré sa capacité à élever le citrate urinaire et le pH (un demi-verre de jus de citron par jour peut aider, dilué dans l'eau et à la paille attention à l'email dentaire). D'autres jus alcalins (orange, melon) sont efficaces sur les citrates mais non compatibles avec le cétose, donc je conseille uniquement le citron.

Les antinutriments présents dans les oléagineux, ainsi que le déséquilibre en acides gras et leur potentiel de rancissement, sont des éléments qu'il ne faut pas négliger surtout lorsque les noix et graines deviennent une partie importante de l'alimentation, comme c'est souvent le cas dans les régimes cétogènes ou low-carb. Ces composés peuvent perturber l'absorption des minéraux essentiels tels que le calcium, le magnésium, le zinc ou le fer. Ils peuvent également favoriser la formation de cristaux, contribuant au risque de calculs rénaux (d'oxalate ou d'urate), ou encore irriter la muqueuse intestinale chez les personnes sensibles. De plus, un excès de graines riches en oméga-6, surtout lorsqu'elles sont mal conservées ou déjà oxydées, peut accentuer le stress oxydatif et déséquilibrer l'organisme, à l'opposé des effets recherchés par une alimentation hypotoxique et anti-inflammatoire. Les antinutriments peuvent être irritants pour la muqueuse intestinale, pire si vous avez déjà un terrain sensible (comme un intestin perméable "leacky gut" ou un syndrome de l'intestin irritable).

À long terme, une exposition répétée à ces composés peut entretenir une inflammation de bas grade, altérer la barrière intestinale et nuire à l'absorption optimale des nutriments, ce qui est l'opposé de ce qu'on cherche à faire en cétogène pas vrai ?

Dans son livre Toxic Superfoods , Sally Norton remet en question l'idée selon laquelle tous les aliments végétaux réputés « sains » devraient être bénéfiques pour l'organisme. Elle s'intéresse en particulier aux oxalates. En effet, une consommation régulière et excessive de ces aliments peut entraîner une accumulation d'oxalates dans l'organisme, notamment dans les tissus, les articulations, la peau ou encore les voies urinaires. Cela peut provoquer, souvent sans qu'on en comprenne l'origine, une multitude de symptômes chroniques : douleurs musculaires ou articulaires, fatigue, problèmes digestifs, troubles urinaires, éruptions cutanées ou inflammation silencieuse. Sally Norton décrit également le phénomène de « dumping oxalate », une sorte de détox naturelle que le corps déclenche lorsqu'on réduit brutalement sa consommation d'oxalates. (ce qui peut-être le cas en cétogène ou en carnivore par exemple) . Cette phase transitoire peut s'accompagner de symptômes désagréables (brûlures urinaires, douleurs, troubles digestifs…), qui sont en réalité liés à l'élimination des oxalates stockés. Elle insiste sur le fait que beaucoup d'aliments classés comme « superaliments » dans les tendances alimentaires modernes (végétalien, crudivorisme, cétogène végétal, detox…) sont paradoxalement très riches en oxalates, et que leur consommation répétée peut être délétère à long terme, ce qui est loin des croyances actuelles sur la nutrition.

Dans Le Paradoxe des Plantes , le Dr Steven Gundry, cardiologue américain, remet également en cause l'idée largement répandue selon laquelle toutes les plantes sont bonnes pour la santé. Il explique que certaines plantes produisent des substances de défense naturelle, notamment les lectines, pour se protéger des prédateurs. Ces lectines, que l'on retrouve en grande quantité dans des aliments comme les légumineuses (haricots, lentilles, pois chiches), les céréales complètes, certaines graines, fruits, légumes de la famille des solanacées (tomates, poivrons, aubergines) ou encore dans les produits dérivés du blé, peuvent selon lui perturber l'organisme humain lorsqu'elles sont consommées en trop grande quantité ou mal préparées. Ces lectines sont pointées du doigt pour leur capacité à irriter la muqueuse intestinale, à augmenter la perméabilité intestinale (leaky gut) et à stimuler une réponse immunitaire inappropriée, qui pourrait favoriser l'inflammation chronique, les troubles digestifs, les douleurs articulaires, les dérèglements métaboliques ou même certaines maladies auto-immunes. 

J'espère avoir pu vous éclairer sur le sujet. En somme, il s'agit d'un équilibre à trouver : le régime cétogène, bien conduit, peut intégrer les oléagineux de manière ponctuelle et non quotidienne et privilégiez les noix de macadamia et la noix de coco qui sont les plus "hypotoxiques" ( et oui, la macadamia coute plus chère...). 

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3 commentaires

Merci pour cet article lumineux !

Géraldine dez

Super complet et très éclairant, je vous remercie !

Anne-Claire

Superbe article qui tombe à pic pour moi! Quelques coquilles mais rédigé avec beaucoup de pédagogie! Comme quoi, il n’y a pas de hasard! Avant de m’engager dans une alimentation cétogène, j’étais de base intolérante au gluten, cœliaque… et j’ai fait cette erreur d’inclure en grande quantité ces deux dernières années les oléagineux et forcément, pas de la meilleure manière (pas de trempage, pas de torréfaction…) alors forcément, les parois intestinales ont un peu morflées, et j’ai vite compris mon abus…
Merci pour cet article! Je reverrai de pouvoir m’offrir ton accompagnement! Je croise les doigts pour pouvoir me le permettre !

Nadège

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